Le franc-maçon porte en son cœur un Amour ardent pour ses semblables. Est-ce un préalable, une nécessité, une conséquence ou une fin ? (26.02.2025)

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Le franc-maçon porte en son cœur un Amour ardent pour ses semblables. Est-ce un préalable, une nécessité, une conséquence ou une fin ?

 

Vous voulez la réponse immédiatement ?

 

Et bien mes Frères, en vérité je vous le dis : c’est une utopie !

Une utopie ou une chimère ?

 

Mes frères, peut-être me direz-vous, à la fin de la soirée, que finalement, je n’ai pas ma place parmi vous en tant que FM ; mais je l’assume.

J’ai également conscience que nous ne sommes pas au GO et que nous ne traitons pas des sujets sociétaux. Pourtant….

 

RITUEL

 

Après le 3ème voyage du récipiendaire, le VM déclare : « puisse le Feu qui vous a enveloppé se transmuer dans votre cœur en un Amour ardent pour vos semblables (…) »

 

Dès son initiation, le FM est donc invité à porter en son cœur, un « Amour ardent » pour ses semblables.

 

A la fin des travaux, au 1er degré, lorsque le F Maître des Cérémonie éteint l’étoile du pilier FORCE (devant le 1er Surveillant), celui-ci déclame : « Que l’Amour règne parmi les Hommes ! » C’est une incantation, un appel, un vœux, un souhait.

 

Dans le rituel d’initiation :

 

Lors de son initiation, le Frère Orateur rappelle au récipiendaire que parmi les principes communs à toutes les obédiences régulières du monde, le Franc Maçon doit « aimer son semblable » (Convent de Lausanne du REAA 09/1875).

 

SYMBOLISME

 

Lors de l’initiation, il est remis au jeune initié une rose (autrefois une paire de gants pour femme).

Or nous savons tous que la rose est le symbole de l’amour. L’intensité de cet amour est matérialisée par des couleurs différentes.

Vous en trouvez facilement toutes les interprétations sur le site internet d’INTERFLORA en ce qui concerne la symbolique des couleurs des roses.

 

Parce que, à lire cette phrase, on peut comprendre que le FM brûle d’un amour inconditionnel pour le monde entier…

On va peut-être relativiser un petit peu… et faire le tri parmi les semblables.

Plus que jamais, cette question de l’Amour, avec un A majuscule est d’actualité et trouve sa place au cœur de notre réflexion maçonnique.

Notre société est devenue d’une violence inouïe. On dirait même que nos dirigeants souhaitent la division entre les citoyens afin de nous diviser pour ainsi mieux régner.

 

Je m’intéresse un peu aux expériences dites « EMI » : Expérience de Mort Imminente. Les individus qui ont vécu cette expérience, racontent tous qu’au seuil de ce qu’on appelle la mort, on leur demande : « comment as-tu aimé, qu’as-tu fait pour les autres ? »

 

Il semblerait que seul l’Amour soit le but ultime, le seul but qui vaille dans la vie terrestre qui nous est donnée de vivre ici-bas.

 

Un amour ardent mais mesuré.

 

C’est dans ces conditions, que se pose la question : l’amour : un préalable, une nécessité, une conséquence ou une fin ?

 

1 – L’Amour, un préalable

 

Il me faut ici définir l’Amour. L’Amour visé par le rituel.

Un préalable signifie que la chose en soi existe. Il faut qu’il y ait de l’amour, que cette notion existe.

Alors…. C’est quoi l’amour ?

Selon le Larousse :

-        Adoration, dévotion à l’amour de Dieu

-        Attachement, culte, passion, penchant à Intérêt pour quelque chose ou quelqu’un

-       Amitié, attachement, sentiments, tendresse à Affection ou tendresse

 

Et puis, plus symboliquement, il y a :

-       L’éros : l’amour physique

-       La philia : l’amour fraternel et amical

-       L’agape : l’amour inconditionnel

 

On voit que dans notre langue française, ce mot « amour » est galvaudé car sous ce vocable, on trouve des sentiments d’intensités variées.

 

Entre l’intérêt pour les voitures anciennes et la passion amoureuse… l’écart est important. Mais passons outre la sémantique (signification des mots) et la terminologie (analyse conceptuelle).

Cependant, à mon avis, le rituel ne parle pas de ces amours là, il parle d’un amour plus profond, plus intense et, sans doute, plus intellectuel, plus sublimé.

 

Ce sentiment d’amour universel, c’est ce que l’on retrouve dans la religion chrétienne.

« tu aimeras ton prochain comme toi-même »

Je vous renvoie à la Prière sur l’Amour (Saint François d’Assise) :

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,

Là où est la haine, que je mette l’amour.

Là où est l’offense, que je mette le pardon.

Là où est la discorde, que je mette l’union.

Là où est l’erreur, que je mette la vérité.

Là où est le doute, que je mette la foi.

Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.

Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.

Là où est la tristesse, que je mette la joie.

 

 

L’amour est une énergie.

Et l’énergie est ce qui permet d’avancer.

L’amour est un mortier entre les pierres, c’est un dire le lien qui nous unit. L’amour est le ciment qui maintient les pierres de l’Edifice.

L’Amour, c’est avant tout un état d’esprit.

Mais être FM c’est aussi et avant tout un état d’esprit.

La plupart d’entre nous sommes engagés au sein de la société civile : politique, syndicalisme, sport amateur… il est rare de rencontrer des FM qui n’ont pas de tels engagements.

Mais au-delà de l’ego qui pousse les individus à se mettre en avant et prendre des responsabilités dans ces différents mouvements, c’est bien l’amour de nos semblables qui nous amène à nous engager pour la collectivité. On a envie de faire avancer les choses, de repousser les limites.

Je pense avant tout à la musique et au sport, moi qui ne suis ni musicien ni sportif…  je pense que dans ces milieux on trouve, par exemple, moins de racisme que dans le reste de la société. Parce que les individus pratiquent une activité qui les rassemble.

 

Alors à mon avis, le préalable, il est là. Il est en chacun de nous. C’est l’intérêt que nous avons pour les autres : le goût des autres.

 

2 – L’Amour, une nécessité

 

Qu’il est difficile d’aimer.

 

Si l’amour est un préalable, je compare la nécessité de l’Amour, au sein de la société, comme le ciment qui scelle les pierres de l’Edifice.

C’est cet amour envers nos semblables qui va nous réunir, nous assembler au sein de la société.

Cet amour peut prendre des formes ou des aspects différents : l’amour de la nation, par exemple, qui va forger un tronc commun à la société d’un pays. On va raconter dès l’enfance, à l’école, une histoire, l’histoire du pays, le roman national, une histoire à laquelle les enfants vont adhérer.

L’exemple le plus flagrant est l’histoire de Jeanne d’Arc (une escroquerie à mon sens) dont on sait aujourd’hui que tout est faux. A-t-on déjà vu une pauvre bergère monter à cheval ?

On sait aujourd’hui sans l’ombre d’un doute qu’elle était l’une des sœurs (demi-sœur) du roi Charles VII

Néanmoins, encore aujourd’hui, Jeanne d’Arc, c’est le roman national de la France.

 

3 – L’Amour, une conséquence ou une fin ?

 

La question, selon moi est de savoir si après avoir subi l’épreuve du feu, l’individu devenu FM va être enveloppé d’un amour ardent pour ses semblables (la conséquence) ou si, au contraire, il va devoir diffuser, répandre, un amour ardent pour ses semblables (la fin).

 

4 – L’Amour ardent pour ses semblables, une utopie (projet irréalisable) ou une chimère (idée sans rapport avec la réalité) ? 

 

Je vais vous renvoyer à la vision d’un mur de pierre. Un vieux mur dans un vieux bâtiment… Il n’est pas question de ciment ou de mortier. Les pierres s’assemblent d’elles-mêmes parce qu’elles sont bien taillées.

 

Vous remarquerez que les plus grosses pierres, celles qui sont particulièrement bien taillées, constituent la base de l’édifice. Il n’y a qu’à se rendre dans une vieille cave pour le constater. On voit des pierres parfaitement taillées qui forment une superbe voûte, qui résiste au temps et sur lesquelles repose la maison.

 

Les pierres plus petites, plus grossières, sont choisies par le maçon pour monter le mur. Ces pierres plus grossières, non taillées, trouveront leur place, auront également leur utilité dans la construction de l’édifice.

 

En conséquence, et c’est là que je veux en venir, on ne mélange pas les pierres brutes et les pierres taillées :elles sont ordonnées.

 

Dans notre société actuelle, c’est la même chose. Les gens ne se mélangent pas alors même qu’on assiste à une uniformisation des goûts et des modes de vie.

Par exemple, si pratiquement tout le monde regarde la télévision le soir, tout le monde ne regarde pas le même programme : il y a ceux qui regardent C8 et Hanouna ou encore News et Pascal PRAUD et les autres, ceux qui regardent LCP, la 5 ou Arte…. (sans jugement de valeur de ma part).

 

Comme l’a dit Gérard COLLOMB en quittant ses fonctions de ministre de l’Intérieur, les français vivent côte à côte mais bientôt vivront (mais vivent déjà) face à face.

Souvenez-vous, autrefois, dans les immeubles parisien, toutes les couches de la société se côtoyaient. Les plus riches au 1er et 2ème étage et les plus pauvres au 5ème et 6ème…. Mais les gens se côtoyaient, se parlaient, même si le mépris de classe, on l’imagine parfaitement, n’était pas exclu de ces rapports.

Aujourd’hui, les différentes classes sociales ne se côtoient plus, à part dans la rue et peut-être au travail. Non seulement ils ne se côtoient plus, mais ils s’évitent soigneusement.

 

Je veux par-là vous expliquer que pour construire une société - ou un édifice - on a besoin de tout le monde mais chacun à sa place…. Mais on le voit parfaitement avec les réseaux sociaux et les « influenceurs », il y a des pierres brutes (et parfois très très brutes) qui s’imaginent être particulièrement bien taillées et ainsi avoir droit à une place de choix dans l’Edifice, je pense au soubassement que l’on voit, constitué de pierres bien taillées sur lesquelles le mur va reposer, mais qui en réalité ne sont que des pierres très très mal dégrossies et surtout constituées d’un calcaire particulièrement friable et poreux : en les utilisant pour bâtir un édifice, on sait d’avance que celui-ci est voué à un effondrement rapide.

 

Alors l’Amour entre les Hommes, qui est ce ciment, ce mortier qui va souder les pierres de l’Edifice (même si j’ai expliqué plus haut qu’on n’avait pas besoin de mortier dès lors que les pierres sont bien taillées), où est-il ? Où le trouve-t-on ?

 

Je parle de construction, d’édifice, de ciment…. On dit que c’est au pied du mur qu’on voit le maçon.

 

Chaque matin, lorsque je suis sur mon scooter et que je vois l’état de la ville, reflet de l’état de la société que je doute : tags, poubelles renversées, détritus jetés dans la rue, individus sous crac qui déambules en titubant….

 

A ce moment-là ce n’est pas de l’Amour qui m’envahit, mais un sentiment mêlé de colère et de haine à l’encontre de nos concitoyens qui saccagent tout, ne respectent rien, ni les autres, ni leur environnement, ni eux-mêmes.

Dans ces conditions, comment pouvoir dire que je porte en mon cœur un amour ardent pour mes semblables ?

 

Cette question, et je vous assure que ce que je vous dis est vrai, cette question, je me la pose tous les matins lorsque je traverse Paris pour aller travailler.

C’est un sentiment de dégoût qui monte en moi.

Alors j’essaie de me calmer et j’y repense « que le feu qui m’a enveloppé se transmue en un amour ardent pour mes semblables…

Quelle gageure !

 .

26 février 2025

C:.P:.

 

 



27/02/2025
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