La Cosmogonie d’Hésiode (10/01/6024

 

 

(Aeon-Uranus, Gaïa, Carpi, Horae et Prométhée / Mosaïque gréco-romaine, Musée de Damas)

 

La cosmogonie, en grec Kosmogonia, est définie par le dictionnaire Larousse comme :

(1) la Science de la formation des objets célestes : planètes, étoiles, galaxies, etc.

(2) Partie des mythologies qui racontent la naissance du monde et des hommes.

 

La page de Wikipédia (non, MMTTCCFF, je ne vous présenterai pas une Wikiplanche !) relative à la Cosmogonie (https://fr.wikipedia.org/wiki/Cosmogonie) complète :

« Une cosmogonie est un récit mythologique qui décrit ou explique la formation du Monde. Le mot vient du grec cosmo- « monde » et gon- « engendrer ». En cela, la cosmogonie se distingue de la cosmologie, qui est l'étude scientifique relative à l'origine du monde et de l'univers et surtout aux lois qui les gouvernent.»

 

Permettez- moi de faire un pas de côté : je faisais récemment travailler mon fils qui est en 6ème sur la généalogie des Dieux Grecs (travail du professeur de français), quelques semaines avant le début de la rédaction de cette planche. Le document à étudier se présentait comme un arbre généalogique et nous devions en face de chaque nom de Dieu par exemple indiquer les attributs de chacun. C’est avec amusement que je vis tout en haut Chaos (le « ordo ab chao » résonna en moi…), Chaos donc qui avait engendré Gaïa (la Terre) cette dernière ayant engendré et été la femme d’Ouranos (Ciel, ou Voute étoilée). L’arbre se continuait par une succession faite de Dieux, de titans, de cyclopes, de Furies, puis d’autres Dieux engendrant des déesses et des Dieux.

 

J’avoue ne pas être un spécialiste de la mythologie grecque, mais par cette généalogie je venais, sans le savoir, de commencer la planche sur la Cosmogonie d’Hésiode que m’avait confiée notre VM… et cet arbre généalogique d’origine scolaire allait être mon guide dans un monde fait de trahisons, de peur, d’affrontements, de pouvoir, de vices et des vertus ; de ciel, de terre, d’enfer, d’eau, de mort…

 

J’avoue également mon ignorance concernant le curriculum vitae d’Hésiode. Je me suis dit qu’il était peut-être connu, alors je suis retourné sur la Toile… Voilà ce que j’y ai découvert….

 

Hésiode

Hésiode est un poète grec qui aurait vécu à la fin du VIIIe ou au début du VIIe siècle av. J.-C. Les seuls faits authentiquement connus sur Hésiode sont les événements consignés dans ses poèmes.

Il serait né à Ascra, bourg de Béotie (périphérie de la Grèce centrale).

Pour amener son frère à la sagesse, à la vie saine et à une bonne gestion de ses biens, Hésiode composa à son intention le poème « Les Travaux et les Jours », ouvrage axé autour de deux vérités morales : le travail est la grande loi de l’humanité ; celui qui travaille peut vivre décemment.

Parallèlement à des activités agraires, Hésiode était un aède, l'équivalent des bardes bretons ou des troubadours composant leurs poésies chantées pour un auditoire.

Hésiode s'est dépeint lui-même dans ses ouvrages comme partisan d’une existence sédentaire, observateur de la tempérance et de la justice, religieux jusqu'à la superstition, n’ambitionnant point la faveur des rois et se contentant de se rendre utile à ses concitoyens, à qui il prêchait la morale avec de beaux vers.

Hésiode aurait inspiré de nombreux poètes, parmi lesquels Virgile et Caton l'Ancien.

Hésiode est connu pour sa réécriture des mythes dans ses œuvres comme l’ouvrage la Théogonie et l’ouvrage cité plus haut (les Travaux et les Jours).  Auparavant, ces mythes différaient selon les régions en Grèce ; la refondation d'Hésiode s’est imposée comme le meilleur récit des origines pour les Grecs anciens.

 

Venons-en à l’ouvrage d’Hésiode « La Théogonie ».

 

Le terme « théogonie » vient du nom theós qui signifie « dieu » et du verbe gennáō qui signifie « engendrer ». Il s'agit donc d'un récit de l'origine des dieux.

 

Ce poème conte la naissance de « la race sacrée des Immortels toujours vivants » (vers 105). Il s’ouvre par une longue invocation aux Muses.

Hésiode narre d’abord les circonstances de sa vocation : les Muses l’ont visité alors qu’il faisait paître ses troupeaux sur les pentes du mont Hélicon. Elles lui ont remis un rameau de laurier, et lui ont ordonné de chanter l’histoire des dieux immortels.

Au commencement est le Chaos, état d’indistinction universel, suivi par Gaïa (la Terre). De Chaos naissent les éléments naturels (la Nuit, le Jour, etc.) et de nombreuses divinités allégoriques (le Sommeil, la Mort, …).

Des Théomachies (combats entre Dieux pour le pouvoir) voient Zeus prendre le pouvoir sur les Immortels, et chasser les forces anciennes créatrices de désordre (les Titans et les Géants).

Le décor ainsi planté, je me sentais prêt à lire la Théogonie d’Hésiode.

Tout de suite une traduction « nouvelle » de 1872 d’un certain M. Patin de l’académie française reteint mon attention sur Gallica.

Quand je commençai ma lecture, j’avais donc à portée de main la généalogie donnée par la prof. de français en guide de bouée de sauvetage…

 

 

 

**

 *

Les Muses, dans l’Olympe, chantent de façon harmonieuse l’origine de la famille divine de Zeus, fondée par Géa/Gaïa (la Terre) et le vaste Ouranos (le Ciel ; Uranus chez les Romains).

Le début de la généalogie des Dieux est l’époque de la création des Dieux primordiaux et de la création des éléments visibles, de la nuit, du jour, …

Le principe fondateur est le Chaos. Il est l’être primordial qui a donné naissance à l’univers. Il précède l’origine du monde et des Dieux (principe d’immanence).

En premier il engendre Géa (Gaïa – la Terre), puis dans les abimes de la Terre le Tartare (région aride, brumeuse, soutien du fondement des terres et des mers), et enfin l’Amour.

Chaos engendre les Ténèbres (Erèbre) desquelles naquit la Nuit ; de la Nuit, l’Ether (la lumière) et le Jour (Héméra).

                On voit ici que la nuit précède le jour d’un point de vue cosmogonique.

A son tour Géa (Gaïa) engendre, égal à elle-même en grandeur, Ouranos (Voute étoilée, père de tous les Dieux ; Ciel). Elle engendre aussi les Montagnes et la Mer.

L’univers à partir duquel les Dieux vont naître est alors en place.

Nous sommes alors au début du deuxième récit cosmogonique qui relate la séparation de la Terre et du Ciel.

Ouranos, ou Voute Etoilée, va engendrer 18 enfants, mais en raison d’un constant débordement amoureux avec Gaia, il les empêche de naître, de voir la lumière du jour : il a comme descendance les 12 titans dont le chef est Cronos (symbole de la ruse), les 3 cyclopes, et les Hécatonchires (êtres énormes et effroyables, d’une force extrême, avec 100 bras).

Ouranos n’aimant pas ses enfants, Gaïa prévoit un plan pour se venger, en engendrant le fer et une immense faux. Elle demande à ses enfants la vengeance contre Ouranos, et seul Cronos accepte cette vengeance.

Ouranos descend avec la Nuit pour s’accoupler avec Gaia et la recouvrir. Cronos sort alors de sa cachette avec la faux et coupe le sexe d’Ouranos qu’il jette au loin. Des gouttes de sang furent reçues par Gaia qui engendra les Géants. Le sexe coupé d’Ouranos était tombé dans la vaste mer et autour il y avait une écume blanche de laquelle naquit Aphrodite.

Ensuite de la Nuit nait le triste sort, la sombre destinée, la Mort, le Sommeil, la Douleur. Puis toujours de la Nuit nait la Vieillesse ; la Discorde. Autant de choses qui s’appliquent non pas aux Dieux, mais aux Hommes, et suivent également le pénible Travail, la Faim, les Douleurs, les Massacres et les meurtres, les Disputes, le Mensonge….

 

[Donc nous avons le Chaos/le néant qui précède toute chose, même les Dieux, qui engendre en tout premier la Terre, élément matériel par excellence, elle-même engendrant ensuite le ciel ou voute étoilée (Ouranos) avec qui elle va lancer la généalogie des autres Dieux.]

 

La deuxième partie qui va suivre est l’enclenchement de la suite des Divinités et de la création des autres éléments connus (soleil, lune), des aspirations humaines et des combats attendus conduisant à la victoire de Zeus (Jupiter) sur les Titans (bannis dans le Tartare) ; Zeus est quelque part un Dieu rédempteur des autres Dieux et des hommes.

 

Dans la suite de la généalogie, nous avons donc la naissance de Zeus (Jupiter), fils de Cronos et Rhéa, qui deviendra le père des Dieux et des Hommes. Mais Cronos, comme son père Ouranos, n’aimait pas non plus ses enfants et les mangeait. A la demande de Rhéa, mère de Zeus et femme de Cronos, Gaia recueillit Zeus pour le cacher en son sein. Rhéa présente alors une énorme pierre cachée dans les langes à Cronos qu’il avale. Par la suite il vomit cette Pierre et tous les enfants qu’il avait avalés avant. Ces derniers, reconnaissants envers Zeus, lui offrent la foudre ardente, le tonnerre et les éclairs, jusqu’alors conservés dans les entrailles de la terre.

S’ouvre alors la lutte pour la souveraineté qui va se dérouler en deux temps. Cronos appelle les Titans à guerroyer contre les nouvelles divinités. La lutte durera 10 ans jusqu’à ce que Zeus, sur avis de Gaïa, ramène les 100 bras (les Hécatonchires) du séjour souterrain (où il était en servitude par Cronos). Avec leur aide, les Titans sont écrasés et expédiés dans le Tartare.

Dans un dernier temps, Zeus doit combattre Typhon, dernier enfant de Gaïa unie à Tartare. Il représente le retour au Chaos primordial où toute chose se trouverait ramenée s’il triomphait. Mais il est rapidement foudroyé par Zeus et jeté dans le Tartare.

La mutilation d’Ouranos marquait fin quelque part à la phase cosmogonique du récit, et la défaite de Typhon marque le terme des luttes pour la souveraineté. A la suite de cette victoire, Zeus est élu roi des Dieux, et à l’inverse de Cronos, il distribue à tous ceux qui ont participé à sa victoire fonction et privilège, incarnant un nouvel ordre politique et moral.

A ce stade du récit, on pourrait croire que la naissance des Hommes va être expliquée. Il n’en est rien. L’apparition de l’homme (et non sa naissance) se trouve dans le mythe de Prométhée dans la Théogonie.

Prométhée, rusé Titan, entre en conflit avec Zeus. Contre l’avis de Zeus, il offre aux hommes le Feu. Cela aboutit au châtiment des hommes par Zeus : l’être humain devient un être de culture par la maîtrise du feu (vol du feu) ; apparaît la différenciation sexuée car il y a la première femme, créée par Zeus ; se met en place le rituel sacrificiel pour instaurer une communication avec les Dieux à présent éloignés des hommes : cette phase définit la condition humaine. Les Hommes ne naissent alors plus de la Terre, mais de la reproduction sexuée.

 

Cet ouvrage d’Hésiode est une théogonie (récit de l'origine des dieux). Pour étudier la Cosmogonie d’Hésiode en son entier, et ce incluant la naissance des hommes, il convient de s’intéresser rapidement à son deuxième ouvrage principal.

 

Les Travaux et les Jours 

Différence majeure entre les deux œuvres :

La théogonie raconte sur un mode généalogique les débuts du Cosmos et la mise en place progressive du règne de Zeus. Elle chante la complexité du monde. Il n’existe pas d’entité extérieure au monde : c’est l’immanence. Les humains peuplent le monde. Mais l’ouvrage n’intègre pas une anthropogonie.

« Les Travaux et les Jours » a des objectifs autres : le narrateur s’adresse à son frère avec qui il est en conflit. On change de perspective et on se place du point de vue des humains. L’idée clé est que le travail est nécessaire selon un calendrier précis. Le succès dépend de la Justice : justice et travail sont les maître-mots du récit. Il faut travailler et agir dans un cadre juste.

Le livre est composé de 3 poèmes.

Dans le premier, nous sommes sur une version spécifique de la crise prométhéenne ; cela vient justifier que l’homme doit travailler pour vivre (vengeance de Zeus). La femme, créée par Zeus, ouvre la jarre où étaient enfermés les maux. C’est la « boite de pandore » (urne). Tous les maux envahissent la Terre.

Ensuite nous avons un enchainement sur les différents âges de l’humanité.

Age d’or : les hommes vivaient comme des Dieux menant une vie préservée des souffrances ; seule la mortalité les distingue des Dieux ; ils meurent par un doux sommeil.

Age d’argent : espèce inférieure à la précédente faite de grands enfants étourdis et excessifs qui n’honorent plus les Dieux ; Zeus, en colère, les ensevelis dans la Terre. Il y a une distinction plus importante entre les hommes et les Dieux.

Age de bronze : une espèce nouvelle est créée qui est puissante et excessive et qui s’autodétruit.

Age des héros : hommes héros ; demi-Dieux. Ce sont les combattants devant Troie.

Age de fer : suite généalogie : temps présents avec les biens et les maux. Hésiode prophétise l’anéantissement si les hommes continuent de ne pas appliquer les exigences de justice. Seule la force subsistera.

 

La FM est un ordre traditionnel et initiatique. Les mythes grecs participent ainsi à la symbolique du REEA, de manière indirecte et de manière assez inconsciente.

La mythologie grecque est un pont entre nos temps actuels et celui de sociétés très anciennes à présent disparues comme l’Egypte ancienne (ex. mythe d’Isis et d’Osiris).

Elle a influencé la Rome antique, si proche de nous, qui a adopté ses Dieux en latinisant les noms (ex. Ouranos : Uranus), et a donc influencé le christianisme des premiers temps (ex. Sol Invictus), mais aussi l’Alchimie sans doute.

Les mythes et la cosmogonie alimentent notre imaginaire personnel et notre vision symbolique du monde, et ils nous amènent à nous interroger sur notre condition humaine, par opposition à la condition des Dieux mythologiques.

Le cycle du Manvantara selon la Cosmogonie Grecque – L'ésotérisme pour ... 

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10.01 6023

 



12/01/2024
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