La Porte Basse
« La Porte Basse »
C’est suite à une remarque en Loge de notre F:.Jean-Marie DOU:., merci à lui, que j’ai eu l’opportunité d’aller plus loin en procédant à cette réflexion : je n’y avais initialement pas trouvé l’enseignement nécessaire à mon éternel besoin de recherche et de Vérité.
Commençons par un « Quiz » des pratiques en vigueur chez plus de 1000 SS:.et FF:., représentant au moins 300 Loges et plus de 10 Obédiences :
Qui pratique le Symbole de la Porte Basse ?
Pas tous, mais un grand nombre de Loges le font dans presque toutes les Obédiences !
Quand cela se fait-il ?
Lors de la cérémonie d’Initiation, pour ceux qui le font (d’autres se contentent du symbole de « la pointe de l’épée ») ; et, pour plus d’un tiers d’entre eux, également lors du Passage sous le Bandeau. Elle se passe dans un seul sens, uniquement pour le profane, une seule fois et ou deux si on inclus le passage sous le bandeau.
Où le fait-on ?
Bien sûr, à la Porte du Temple, du moins à la première (puisque en réalité il y en a d’autres), celle que passe le Profane !
Comment le fait-on ?
Pour moi comme pour d’autres (Plantagenet, Wirth, HTN, Boucher), elle est à la fois "Basse" et "Étroite", tel que Mathieu le rappelle au chapitre VII :
« Entrez par la porte étroite. Car large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui le prennent ;
Mais étroit est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent ».
Pourquoi cette pratique, quand elle est faite ?
On y va : développons !
Prenons le temps de regarder un peu l’histoire de nos rituels :
La porte basse apparaît dans des rituels au début du XIXème siècle ; elle n’existe pas dans ceux du XVIIIème , que ce soit au niveau de la Grande Loge symbolique écossaise (1880) ou de la G:.L:.D:.F:. naissante.
Claude Guérillot (dans son ouvrage "De la porte basse à la porte étroite") nous permet de comprendre ce que peut être une voie initiatique, en citant un extrait de rituel maçonnique de la fin du 19ème siècle comportant le dialogue suivant :
D : Qui vous a reçu ?
R : Le plus humble de tous.
D : Pourquoi le plus humble ?
R : Parce qu’il était le plus éclairé et qu’il savait que toute inspiration vient d’en haut.
Ces quelques phrases mettent en évidence la première condition de l’initiation : l’humilité. Le second est sous-jacent : le lien qui nous uni, le chantier de l’extension du sens vers le Un, sous le regard du Delta et de son Œil en face de la porte !
Ensuite, je vais laisser le champ libre à quelques-unes de mes interrogations :
Une première révélation me vient en effet à l’esprit :
Je constate que ce qui est profane et vient de l’extérieur passe par une Porte Basse et Etroite, mais que ce qui est initié et vient de l’intérieur n’a plus besoin de cet artifice pour s’y rendre à nouveau.
Alors, ne serions-nous pas "marqué" tel du bétail sans nous en apercevoir ?
Où alors, serait-ce le fait que notre rayonnement personnel est suffisamment visible de l’extérieur pour que le Couvreur arrive à nous reconnaitre lors de notre retour dans le Temple ?
Non, pas tout à fait :
Il y a des "signes, mots et attouchements", "des mots de passe" et un tuilage pour ça. Mais quand même !
Donc, cette porte Basse est-elle réellement un simple signe d'humilité devant la construction qui s'annonce ?
C’est une explication qui me paraît beaucoup trop facile pour être suffisante ; en plus, elle n’est pas vraiment conforme à ma vision personnelle du cœur et de l’esprit de la Franc-maçonnerie.
En effet, pour moi et d’autres SS:.et FF:., la cérémonie d’initiation ne se résume pas seulement à la porte basse, au cliquetis des épées, à la lumière et au son de la flûte enchantée ou de Zarathoustra.
Lorsque le profane entre dans le Temple en se courbant, il le fait plus pour marquer la difficulté qu’il va rencontrer lors de son passage du monde profane vers le plan initiatique que pour se marquer son humilité.
De plus, cette porte du Temple est celle de l’Occident : c’est elle qui nous protège dans le Temple des intrusions malveillantes et c’est là, au soleil couchant, que la frontière des Lumières et de la Ténèbre marque le passage du Profane au Sacré.
Mais souvenez-vous du lieu où nous sommes :
dans le Temple de Salomon ;
donc, il y en a au moins une autre porte, celle de l’Orient !
Cette porte basse est le lieu du passage, celui de l’accouchement après l’épreuve de la Terre. C’est là, sous la surveillance du Couvreur et conduit par le Maître des Cérémonies, que l’Expert nous fait pénétrer dans le temple avec fermeté, bienveillance et fraternité.
C’est là, ni nu, ni vêtu et "pour autant qu’un homme puisse se mettre à la place d’un autre", que l’Expert se porte garant de nous auprès de l’atelier, garant de nos valeurs morales, de l’accomplissement victorieux de notre épreuve de la terre.
C’est là, que l’Expert nous guide, tel l’accoucheur de notre naissance spirituelle après la gestation dans le cabinet de réflexion, sous les cris et bruits du 1er voyage qui évoquent ceux du nouveau né à son entrée physique dans la Vie.
Par contre, quid du profane passant sous le bandeau ?
Certains d’entre nous, comme moi au début de cette réflexion, pensent que tout ce qui « vient du dehors » (profane) doit passer par une porte basse et/ou la pointe de l’épée (comme dans certains rituels) alors que tout ce qui « vient du dedans » (initié) n’en a plus besoin puisqu’il est en théorie capable de se faire reconnaître : en effet, il a la Connaissance et le Savoir des Mots et des Sens, de la Parole et de la Vérité.
D’autres pensent que le profane ne peut pas avoir ce genre de perception : le profane passant sous le bandeau ne va pas être initié, il attend simplement de savoir si, OUI ou NON, nous allons le reconnaître. Il n’est pas encore sensé appréhender la Sacralité du Temple : la porte basse ne signifierai donc encore rien pour lui, si ce n'est le risque de ressentir de l’humiliation, à ne surtout pas confondre avec de l’humilité.
Je crains néanmoins que cela ne concerne pas que le profane mais aussi et malheureusement un nombre croissant de nos Sœurs et Frères.
Terminons enfin sur l’un des points de vue parfaitement légitime de notre Très Resp:. Grand Exp:. et F:. Marc HEN:. :
« Ce qui n’est point écrit ou décrit est superflu ;
Il n’est pas nécessaire d’en rajouter ! ».
Or, il se trouve qu’il a cruellement raison : rien n’est décrit ni écrit en ce qui concerne le Passage sous le Bandeau !
Donc, voici le "conseil du jour" de l’Exp:. que je ne suis plus : pas de Porte Basse lors du Passage sous le Bandeau;
Suggérons à la G:.L:.D:.F:. de donner un peu plus de détails dans nos rituels sur cette épreuve qu’est le Passage sous le Bandeau.
Jean Baptiste LOI:.
14 mars 2007