Les 5 ordres d’architecture.5 (Planche d'Augmentation de Salaire)

 

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Et il m’a fallu choisir un thème de planche, on m’a laissé faire. Ainsi, j’ai longuement hésité, tergiversé en tous sens avant que ne me revienne celui qui spontanément m’était apparu en premier : Les 5 ordres d’architecture.

J’exerce la profession d’aménageur en second œuvre, le clos et le couvert ne sont pas de mon champ d’activité, moi je suis des tripes et des boyaux, pas de l’enveloppe. Pourtant il m’a été donné d’aborder au cours de mes études l’histoire de l’architecture mais j’en suis resté coi comme ces gamins à qui l’on impose l’étude du piano, trois petites notes de musique et puis s’en vont. D’ailleurs la musique c’est comme l’architecture, on la regarde, on l’entend, parfois on la subit, souvent elle nous envoute et puis nous habite. Et ces deux principes (mais j’aurais pu y rajouter cinéma et littérature, d’autres) possèdent leur logos et leur alchimie propre. Ainsi aux tierces picardes, trilles, hémioles (ternaire dans le binaire) et Quintolets de la première, répondent les astragales, batardeaux, cénotaphes et clefs pendantes De la seconde. Rien à y faire, à n’y comprendre rien si l’on n’a pas été initié. Juste voir, regarder, entendre et écouter, contempler. Architecture et musique (et autres non cités) sont arts et savoirs- faire propres à créer des édifices habitables… Tout comme l’art royal …

 

J’en était donc là, avec mes colonnes, à l’ordre, classifiées par identités, devenues classiques par élection des arts Gréco- Romains. C’est ainsi qu’à partir du XVe siècle sous la poussée italienne dite « hellénistique », que ces ordres font suite aux ordres gothiques à la période de la renaissance du XIV au XVe siècle. S’ensuivra une période dite maniériste mais qui sera le chemin des Italiens, la France elle, poursuivra sa pleine possession des arts antiques. Au XVIe Siècle on redécouvre Vitruve (et ses dix livres d’architecture) L’architecte VIGNOLE édite en 1563 son traité des « 5 ordres d’architecture » avec planches soigneusement gravées sur cuivre dans lequel l’auteur s’efforce d’établir les mesures exactes de chacune de parties des ordres et des espacements des colonnes. Créateur du style académique, son travail pèsera pendant trois siècles sur l’enseignement et le développement de l’architecture [  ]. C’est au XVIIe siècle, à l’avènement du règne de LOUIS XIV que sera exprimé le paroxysme de cette période antique à toutes fins d’expression de grandeur et d’unité aux dépends de la grâce et de la diversité. Il s’agit donc d’une option vernaculaire (à l’intérieur d’une communauté) qui nous est citée dans le rituel. Nous sommes en Europe de l’Ouest les autres ordres, palmiformes, baroques, campaniforme etc.… Ne trouvent pas intérêt dans le développement de notre architecture.

 

Mais revenons plus arrière.

 

L’architecte, le Grec, le Romain savait que l’étendue de ses moyens étaient limités. La portée d’une architrave de pierre ne peut dépasser que de quelques mètres son aplomb ce qui implique la nécessité de points d’appuis très nombreux, leur espacement et par la voie du calcul, leur proportion, leur hauteur, par conséquent, une succession des parties qui imposent un rythme.

 

C’est dans ces limites fixées par ces règles de résistances que le génie de l’architecte put s’exercer et ce sont les temples qui ont servi, édifices superbes parce que sacrés, à établir l’art et le code de l’architecte, leur géométrie …

 

J’en étais donc ici, un ordre s’identifie à partir de sa colonne mais il est nécessaire également d’envisager son entablement, par-là la partie horizontale surmontant le chapiteau dont chaque élément s’harmonise en vocabulaire.

A la verticale composée d’un piédestal (ou stylobate), d’un fût (canelé ou non) ainsi que d’un chapiteau (spiralé, floral), répond l’horizontale de l’épistyle (nom ancien de l’entablement), d’une frise (possiblement décorée), d’une corniche (escortée de ses larmiers) afin de former, verticale et horizontale, une harmonie.

L’ordre d’architecture forme l’équerre.

 

A la réception du futur compagnon, nos cinq principes apparaissent lors du second voyage, après avoir posé le ciseau et le maillet du premier périple, le requérant est présenté au plateau de l’hospitalier muni d’une règle et d’un levier où ils sont désignés :

-          Dorique

-          Ionique

-          Corinthien

-          Toscan

-          Composite

 

Imaginer au premier voyage cette réminiscence du grade d’apprenti, maillet et ciseau, actif et passif en précision (réception de l’initiation), puis au second voyage, règle et levier soit la passivité de l’outil mis en mouvement par le compagnon en « connaissance » en « force féconde et nécessaire » mais mesurée par le contrôle de la règle. (Expression de l’initiation – « Il établit »)

Le troisième voyage confirmera l’affermissement de ces outils par la présence du fil à plomb et du niveau afin d’arriver à l’équerre, symbole de notre rectitude et quatrième voyage.

      

Les colonnes, symboles de liaison entre ciel et terre, arbres, sont ponctualités en notre temple.

J et B qui marquent l’entrée et forment également, quel que soit le rite les mots de maçon au grade d’apprenti et de compagnon, polarisent nécessairement entre lune et soleil, solstice d’hiver et d’été, féminin et masculin, souffre et mercure le sel visible du delta rayonnant.

 

Celles où nous sommes invités à prendre place entre septentrion et midi ; Prendre place « prendre sa place », placer sa pierre au sein de l’édifice mais aussi prendre place en soi car le dehors et le dedans forment l’alternance nécessaire.

 

Dans l’espace vertical le plus sacré de notre temple, sous le fil à plomb au droit du pavé mosaïque se tiennent trois de nos ordres désignés.

Sagesse (ordre Dorique) Force (ordre Ionique) et Beauté (ordre corinthien). La tentation serait  grande, comme l’indice est donné de poursuivre au quinaire cette trinité, mais s’impose de nouveau la lecture ternaire de ces trois-là, au soufre de la force, répond le mercure de la beauté et tous deux de s’apaiser en le sel de la Sagesse. Une disposition non sans rappeler les plateaux du VM :. , du premier et second surveillant … Le quatrième pilier relie l’invisible au visible et est présent …

 

 Au souvenir de l’image circulaire du temple de Stonehenge, que tout le monde possède ici, les architraves qui relient les colonnes ne sont plus toutes présentes mais ayant existées, subsistent tout comme les membres fantômes des amputés qui se rappellent à leur esprit, même détachés …

… Alors j’ai poursuivi ma route …

 

Pour les pythagoriciens, 5 était le nombre de la perfection comme alliance du 3 et du 2, masculin et féminin, pair et impair le nombre de l’homme immanent. Je découvre qu’ils avaient fait du symbole géométrique du pentagramme un signe de ralliement et d’appartenance à la confrérie. Nous sommes gens d’acronymes (VM, FM, VITRIOL, GADLU), eux en avaient nommé les 5 pointes des lettres Grecques UGIEIA- (en grec ancien- combinant EI en une seule lettre) qui formaient une symbolique complète :

U : Hudor = l’eau / G : Gaïa = la terre / I : Idea = L’idée, l’objet divin / EI : Heile = le feu (du soleil) / A : Aer = L’air : HUGIEIA a ensuite dessiné le nom de la déesse de la santé et de la propreté, Hygie, représentant l’équilibre, la guérison des douleurs et a formé le mot … Hygiène …

 

Aussi, sans autre astuce, comme je sais l’étendue de mes moyens limités, dessiner mes architraves, éprouver leur résistance et trouver mes points d’appuis, saisir mon levier et poser mes colonnes en leurs justes espacements, leur hauteur et leur rythme aux pointes de l’étoile flamboyante.

 

 Les cinq voyages sont le viatique de ce grade de compagnon (viatique = provisions données à quelqu’un pour un voyage), l’étoile flamboyante, le secret du tout en mouvement, en évolution.

 

Citer ici Edgard Morin à propos de la pensée complexe (de complexus : Ce qui est tissé ensemble- Plexus, entrelacs) :

In « science et conscience- 1982 »

 

« Le but de la recherche de méthode n’est pas de trouver un principe unitaire de toute connaissance, mais d’indiquer les émergences d’une pensée complexe, qui ne se réduit ni à la science, ni à la philosophie, mais qui permet leur intercommunication en opérant des boucles dialoguantes. »

 

« Le passage de la pensée simple (deviner, préférer, croire…) à la pensée complexe (proposer des hypothèses de solution, créer des relations, rechercher des critères, s'appuyer sur des justifications valides, s'auto-corriger…) n'advient qu'à la suite d'un apprentissage systématique et requiert un environnement adéquat » 

 

Cette proposition ne nous est-elle pas invoquée dans ce rituel du second degré ?! … Marcher dans ses pas quelques instants …

 

Il n’y a pas d’évolution si il n’y a pas d’intention d’évoluer et la nature profonde de l’univers nous en témoigne, plus simplement : Qui ne cherche rien ne trouve rien (la vie veut la vie de Onfray in cosmos), un univers sans intention ne produit pas de complexité.

 

Mais quelle intention et que faut-il pour qu’elle puisse se réaliser ?

-          Une intention immanente afin de réaliser tous les possibles qui se présentent mais comme ils sont inédits et imprévisibles, le processus est sans fin. (Darwin)

-          L’intention, mais pour qu’elle puisse se réaliser en cohérence, il faut de la mémoire, sans elle il n’y a rien sur quoi construire.

 

(Bipolarité mémoire/ intention, futur/ passé, l’être (le compagnon) n’est que devenir … En son présent le processus d’évolution fait son possible avec les matériaux que lui offre sa mémoire et son environnement, il confronte ses potentialités internes et externes pour profiter des conjonctions favorables et éviter les situations défavorables … Lois de la physique et lois de la morale …)

 

Alors que faut-il pour que ce processus puisse évoluer ?

 

-          Trois dimensions, UN TERRITOIRE, une ORGANISATION, une ACTIVITE (une mise en œuvre)

 

En synthèse poser l’axiome de ces 5 axes, pour comprendre le processus complexe (tissé- plexus entrelacs) :

-          TERRITOIRE : Les 5 sens - Premier voyage : Ensemble de ressources directement accessibles

-          INTENTION : Les 5 ordres d’archi - Second voyage : L’intention comme volonté et vocation, la foi.

-          ORGANISATION : Les Arts libéraux - Troisième voyage : Les normes, les règles, le rite, les arts.

-          HISTOIRE : Les grands initiés - quatrième voyage : Mémoire de patrimoines accumulés

-          ACTIVITE : Les mains vides - Cinquième voyage : « Gloire au travail », production, mise en œuvre.

 

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Nous avons tous en mémoire l’homme de Vitruve s’inscrivant dans l’étoile flamboyante, en son centre se trouve la lettre G.

 

Géométrie* en bandoulière, la Gnose, la connaissance, est pour plus tard, à cette heure le compagnon ne peut qu’appareiller la pierre taillée par l’apprenti – Transcender les matériaux profanes - en suivant les plans des Maîtres qui puisent leur matière dans la connaissance et le sacré, sa route, son chemin ne lui a pas donné de réponses mais l’a affermi, suivre l’étoile, éthique et volonté …

 

… Juste voir, regarder, entendre et écouter, contempler … Et habiter ... 

 

5 architectes.jpg

 

*geo – metron – Terre- mesure.

 

Stéphane CHA.°.

Avril 6021



30/04/2021
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