Les Trois Grandes Lumières (Planche d'Augmentation de Salaire

 

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Il est particulièrement singulier pour le candidat à l’initiation de prêter serment sur la bible. Le jeune apprenti peut également être surpris de retrouver cette même bible lors de chacune des tenues surtout s’il est de tradition catholique comme moi et que cette bible lui rappelle les cérémonies religieuses auquel il a pu assister. Cette même bible n’est-elle pas exposée aux yeux des fidèles sur un pupitre à l’avant de l’autel des églises ?

Vous l’aurez compris, c’est bien cette singularité qui m’a poussé à choisir le sujet de ma planche de ce soir : les Trois Grandes Lumières.

Comment un livre qui marque le particularisme chrétien peut devenir une pièce centrale de l’universalisme maçonnique ?

Nous verrons ainsi dans un premier temps l’importance de son ouverture au prologue de Saint Jean, Parole de Vie et de Lumière, pour voir ensuite comment associée à l’équerre et au compas elle devient outil central du Franc-maçon.

I – Parole de Vie et de Lumière, l’universalisme de Saint Jean dans sa définition du principe créateur.

Alors que dans une église, les évangiles sont ouverts au gré du calendrier liturgique pour accompagner le fidèle et lui communiquer le fil conducteur de sa vie chrétienne. L’expert en loge en faisant apparaître les Trois Grandes Lumières à la demande du Vénérable ouvre la bible et met ainsi en évidence un passage particulier, le prologue de l’évangile de Saint Jean. Alors que le prêtre ouvre la bible sur le passage intéressant sa lecture et son discours au gré du calendrier liturgique, nous ouvrons la bible sur un passage particulier immuable quelque soit la semaine et l’ordre du jour de la tenue.

C’est que pour nous francs-maçons, le passage choisi, le prologue de Saint Jean, revêt une importance particulière.

Jean occupe une place particulière parmi les évangélistes.  Postérieur aux autres évangiles, le texte de Saint Jean ne se contente pas de retranscrire l’histoire de la vie du Christ à la différence de Matthieu, Marc et Luc. Jean transmet autre chose qu’une vision historique. Il est d’ailleurs considéré comme le préféré du Christ. On admet d’ailleurs communément que Jean vient de Jeho qui signifie « favorisé de la Lumière ».

A ce sujet, il est intéressant de remarquer que, le jour de la Saint Jean,  les Romains célébraient  Jupiter, le créateur par excellence. Les fêtes de Jupiter étaient les plus brillantes du calendrier Romain. Et, étymologiquement, Jupiter veut dire « père du jour lumineux ».

Si nous nous rapportons au texte de Jean, c’est ce même père du jour lumineux que Jean met en avant, l’auteur de la création. Nous sommes donc avec Jean dans une configuration qui va bien au-delà du particularisme chrétien. 

Je ne résiste pas au plaisir de vous lire un extrait de ce prologue que vous connaissez tous :

« La Parole de Lumière et de Vie » :

Au commencement était le Verbe,...

...la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout s'est fait, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée.

Si l’on reprend ce texte. Il existerait un principe originel d’unité appelé Dieu par Saint Jean. Ce n’est qu’au contact d’un autre élément, la parole, que la vie est rendue possible. La dualité introduite par la parole permet la création.

Sans parole, rien n’existe. C’est par la parole que l’on peut différencier la terre et le ciel. Par la parole, on crée le concept de terre et le concept de ciel et on les différencie. Le verbe est la base même du principe créateur qui organise le monde dans lequel nous sommes.

Si l’on prend un peu de recul, c’est la vie et la création que les francs-maçons célèbrent au travers de ce texte. Ce principe de vie cher aux philosophes du XVIIIème siècle. Cette vie que Rousseau voyait  comme unique limite universelle possible  à la morale.

La bible du Franc-maçon n’est donc pas une simple bible mais bien le volume de la loi sacrée, dans lequel on retrouve la vie comme unique principe du droit naturel qui s’impose à l’universalité humaine.

II –

Mais le franc-maçon ne peut jouer aux apprentis sorciers et si la parole est aussi puissante, symbole de vie et de création, il faut donc en faire bon usage. Il apparaît donc logique pour le franc-maçon de l’associer à d’autres outils. La parole mal utilisée peut tout autant être destructrice que bienfaisante.

Un compas est ainsi disposé sur la parole de Lumière et de vie de Saint Jean. Le compas est un instrument de mesure qui permet de faire des mesures à partir d’un point fixe mais un point que l’on peut déplacer au gré de son référentiel de ses envies. Symboliquement, le compas est un outil actif qui représente la dynamique de création, l’esprit.

Il permet de tracer la voûte céleste depuis un point depuis la surface terrestre. Le compas est le symbole de ce qui est au dessus de la matière et vers quoi nous  essayons de nous élever par la perpendiculaire.

Le compas est là pour indiquer au franc-maçon qu’il doit s’élever et construire son être, son chemin en fonction du principe de vie édicté par le Volume de la Loi Sacrée, le respect et la promotion de la vie.

Toutefois, nous l’avons dit un compas permet de s’élever en fonction d’un point choisi. Comment savoir toutefois que l’on a choisi le bon point de référence ? Clonage, libéralisation de l’adoption, mères porteuses aujourd’hui. Peine de mort, avortement, contraception hier. Autant de questions qui touchent à la vie et qui ne sont pas faciles à appréhender à la seule lecture du Volume de la Loi Sacrée. Nous pouvons tous avoir une opinion mais à partir de quelle moment cette opinion n’est plus passionnelle mais repose sur la raison.

C’est pourquoi, nous nous sommes dotés d’une méthode de discussion et d’une multitude d’outils qui doivent nous permettre d’avancer et de nous enrichir mutuellement.

Mais c’est surtout la raison pour laquelle l’apprenti trouve une équerre sur ce compas. Cette équerre nous la retrouvons dans le signe pénal, dans la marche de l’apprenti. Elle invite l’apprenti à faire attention et à ne pas se laisser emporter par ses passions. L’équerre est un instrument de mesure qui représente la réalité concrète du terrain. C’est le symbole de la terre, de la rectitude dans l’action, de la rigueur.

Le compas est placé sous l’équerre pour montrer à l’apprenti que l’esprit est sous le boisseau, que les contingences du monde profane prédominent encore.

 

Pour conclure, les Trois Grandes Lumières montrent à l’apprenti ce à quoi il doit arriver : retrouver en lui le principe originel qui lui permet de s’élever, pouvoir user de la parole avec raison. L’équerre sur le compas montre toutefois à l’apprenti qu’il n’en est qu’au début de son chemin initiatique et que la route sera longue pour pouvoir maîtriser le compas, c'est-à-dire l’esprit et en fin de compte trouver l’équilibre entre équerre et compas, esprit et matière pour guider sa vie. Le Franc-maçon doit refuser à la fois le matérialisme et l’angélisme pour trouver une voie efficace qui permette à l’homme de progresser sur le chemin de la lumière et de la vie.

 

Dorian CAT:.

22 avril 6009



24/04/2009
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