"Le corps est le tombeau de l'âme. Platon". 13 novembre 2024

Plan

1. Lien entre corps et âme dans l’œuvre de Platon

2. Le tombeau ; les mots sôma, sêma, stélè, tumbos, taphos, mnêméïon

3. L’homme : un corps et une âme

4. L’âme et ses fonctions

5. Comment libérer l’âme du corps ?

6. Platonisme et FM

La formule est présente dans quatre passages de l’œuvre de Platon (-430 à -348 ou -347 AEC) qui forme deux volumes de la collection Pléiade de l’éditeur Gallimard, soit 3000 pages en petits caractères Garamond. Il existe même un article sur ce thème dans l’encyclopédie de l’entreprise étatsunienne wikipedia. 1. Lien entre corps et âme dans l’œuvre de Platon Un être vivant est formé d'une âme et d'un corps. Il existe des vivants mortels, les hommes, et des vivants immortels, les dieux (Phèdre, 246-248 c). PLATON, Phèdre, 250c ; Phédon, 67 c, d ; Gorgias, 493a ; Cratyle, 400c. - Socrate (470 ou 469 à -399 AEC) évoque le temps où les âmes humaines contemplaient la beauté car ne portaient pas « …ce sépulcre que nous promenons avec nous et que nous appelons le corps, enchaînés à lui comme l'huître l’est à sa coquille ! …» (écrit peu avant 366 AEC) [PLATON, Phèdre, 250c]. - De même, dans le Phédon, Socrate commence par expliquer que la mort équivaut à la séparation de l’âme et du corps. L’objet propre de la philosophie est de « …mettre le plus possible l’âme à part du corps et accoutumer celle-ci… à se recueillir, à se ramasser en partant de tous les points du corps, à vivre, autant qu’elle peut, aussi bien dans le présent actuel que dans la suite, isolée, et par elle-même, délivrée de son corps comme si pour elle c’étaient des liens.» (écrit vers 380 AEC) [PLATON, Phédon, 67 c, d]. - Socrate, après avoir cité les vers d’Euripide « Qui sait si vivre n’est pas mourir pour l’âme et si mourir n’est pas vivre ? » (fr. 639 Nauck d’une tragédie perdue, Polyidos), déclare avoir entendu dire par un philosophe (Philolaos de Crotone, 470-390 AEC) que « …nous sommes morts, notre corps, sôma, est notre sépulcre, sêma, et cette partie de l’âme où sont les désirs est précisément de nature à se laisser séduire et retourner sens dessus dessous.» (écrit entre 395 et 390 AEC). (PLATON, Gorgias, 493a).

- Platon n’est pas étymologiste et joue sur les mots avec, selon les usages actuels, une certaine désinvolture (calembours), comme l’illustre bien le "Cratyle" (vers 385 AEC). Dans un dialogue entre Socrate et Hermogène, Socrate dit : « Voilà un nom, sôma, dont je juge grande la diversité, et même considérable, si peu qu’on le déforme. Certains disent en effet du corps qu’il est le « sépulcre », sêma (c) de l'âme, attendu que dans la vie présente, il en est la sépulture. Et encore puisque c’est au moyen du corps que l’âme « signifie », sèmaïneï, ce qu’elle peut avoir à signifier, pour cette nouvelle raison c’est à bon droit que le corps est appelé sêma. Ce sont toutefois à mon avis, principalement les Orphiques qui ont établi ce nom, dans la pensée que l’âme paie la peine des fautes qui ont précisément motivé cette peine ; que le corps est pour elle une enceinte, image de la prison destinée à la « tenir en garde », sôzètaï ; qu’il est en conséquence cela à l’égard de l’âme, en conformité avec le nom qu’il porte, son sôma, jusqu’à ce qu’elle ait achevé de payer sa dette ; ainsi pas même une lettre à changer ! » [PLATON, Cratyle, 400c]. Ce jeu de mots basé sur une prosonomasie (ressemblance de sonorité entre différents mots dans une même phrase) est-il vraiment mieux fondé que, dans les écrits de Boris Vian pour le Collège de Pataphysique (1953-1959), la série : « À bon chat, bon rat », puis : « À bon château, bon râteau » ; « À bon chien, bon rien » ; « À bon chameau, bon rameau » ; « À bon changement, bon rangement » ; car changement et rangement supposent le désordre et ensuite un autre ordre !?

2. Le tombeau ;

les mots sôma, sêma, stélè, tumbos, taphos, mnêméïon. Le mot en grec ancien sôma désigne le corps humain et sert de racine à plusieurs mots le désignant en français (somatique, etc). Le mot en grec ancien sêma désigne le signe (présage, augure), le signal ; de même sémaphore est le dispositif porteur de signal (exemple le sémaphore de Claude Chappe fin 18e - début 19e siècle), la sémiologie, la science des signes. A l’époque classique (Ve-IVe siècle), l’inhumation a lieu soit directement dans un cercueil de bois ou de terre cuite dans une fosse creusée à cet effet, soit après crémation primaire (dans la fosse), ou secondaire (sur un bûcher funéraire). Après comblement de la fosse, est érigé, selon la richesse du défunt, un tertre individuel ou collectif (tumulus de terre, tumbos qui donne le latin tumba, le français tombe) sur ou à côté de la fosse et parfois un monument, stélè, la forme variant selon les époques et les régions : une stèle en pierre dressée verticalement, plus tard historiée en bas-relief à l’image du mort idéalisé ou un monument en pierre à l’époque hellénistique (après -350), tombeau, sépulcre, qui a pour rôle de signaler (sêma) l’emplacement de la tombe et de conserver ainsi la mémoire du défunt. Platon (Lois, 12, 958) défendait que le monticule de terre dépassât la hauteur que peut atteindre le travail de cinq hommes en trois jours [CICERON, De Legibus, 11, 27, 68] car « les funérailles les plus sobres sont les plus belles » [PLATON, Lois, 417d]. Taphos (sépulture) suppose un ensevelissement (thaptô, ensevelir); mnêméïon (de mnaomaï, mimnêskô, se souvenir) est un mémorial (sépulcre, tombeau, constituant un monument).

3. L’homme :

un corps et une âme Platon propose dans un texte [Timée, 40-47, 69-84], touffu, voire confus, corrompu par des erreurs de copiste, une création par un Démiurge (artisan ouvrier) divin au moyen des quatre éléments (Feu, Air, Eau, Terre) de la race céleste des dieux, seule immortelle, composée à partir du feu ; des dieux subalternes créent les quatre espèces d'êtres vivants mortels: 1. Les hommes (une intelligence immortelle, une âme mixte et un corps mortel) ; 2. L’espèce ailée (les oiseaux) ; 3. L’espèce aquatique ; 4. L’espèce des animaux terrestres. L'homme est ainsi formé : - d’une âme divine (immortelle) dans la tête, façonnée par le Démiurge lui-même, puis l’isthme du cou ; - d’une âme mortelle supérieure dans la poitrine, entre le diaphragme et le cou ; - d’une âme mortelle inférieure entre le diaphragme et le nombril ; - et, formant le corps ; de la moelle épinière ; des différents organes, les yeux, l’ouïe, foie et rate ; des os (crâne, colonne vertébrale, etc) ; de la chair qui enveloppe le tout et en séchant un peu donne la peau ; la chaleur fait naître les cheveux ; des canaux à air ou sang sont percés…

4. L’âme et ses fonctions:

L’âme est principe de vie

(« Objets inanimés avez-vous une âme ? » demande Lamartine) : c’est la « forme d’un corps naturel ayant la vie en puissance » [ARISTOTE, De l'âme, II, 412 a 20, trad. Tricot, Paris, Vrin]. Etymologie : l’indo-européen « ana » signifie « respirer » ; le latin anima (air, souffle vital ; donne aussi animal, ce qui a vie) ; le latin animus est ce qui anime le corps et dont la disparition provoque la mort (âme, esprit) et aussi, intellect, volonté. Le vent (ánemos en grec) est souffle, d’où l’anémomètre qui en mesure la force, les plantes anémophiles, aux graines dispersées par le vent, l’anémone (« trop fragile en sa légèreté, elle est emportée par le vent qui lui donne son nom » [THEOCRITE. Les syracusaines ou les fêtes d’Adonis, Idylle 15]). En grec, l’âme est désignée par le mot psukhè; ce mot vient du verbe psukhein qui signifie souffler et donne Psyché, psyché, psychisme, psychologie, psychologue, psychothérapie, psychiatre, psychiatrie… Très tôt on a remarqué que si le dormeur, inerte,respire, le mort, lui, a cessé de ventiler (mourir c’est rendre le dernier soupir, rendre l’âme, expirer). Chez Homère (Iliade et Odyssée, diffusées vers -700, reflétant des conceptions de - 1200) perdre la vie, c’est perdre la psyché qui s’échappe par « la barrière des dents » [HOMERE, Iliade, 9, 409]. La psyché part dans le monde souterrain, royaume de Hadès. Elle est un souvenir du mort, un substitut prenant l’apparence d’une fumée en portant les traits (eidola ou image), avec lequel on peut parler (c’est le sang des sacrifices chtoniens qui leur donne un soupçon de vie et le leur permet, explique le devin Tirésias [Odyssée, chant 11]. Dans les scènes figurées de la céramique attique du Ve siècle certains peintres les représentent sous formes de petits Eros (erotes) dénommés psychaie voletant autour du cadavre lors de la prothesis. Cette représentation perdure au Moyen Age. Exemples : Abraham assis sur son trône céleste, avec l’âme de Lazare en son sein, à Moissac, XIIe siècle (plâtre exposé dans la Cité de l’architecture et du patrimoine, musée des Monuments français, Paris); de même, au porche du transept sud de la cathédrale de Strasbourg, vers 1230, l’âme de la vierge est un petit personnage tenu par le Christ ; voir aussi l’Abraham portant les âmes des justes de la cathédrale de Bourges, XIVe (confer " La cathédrale", Joris-Karl HUYSMANS).

L'âme est principe d'animation (animation, animer, anima, âme, viennent de anima). « L'âme s'est révélée à nous comme la cause, pour tous les êtres sans exception, de tout ce qu'il y a en eux, sans exception, de changement et de mouvement» [PLATON, Les Lois, X, 896a]. Tout ce qui se meut est donc pourvu d'une âme (position proche de celle de Spinoza) : «Tout ce qu'il y a au ciel sur la terre et dans la mer, l'âme le mène au moyen de ces mouvements qui lui sont propres.» [PLATON, Les Lois, X 896 e]. Le monde lui-même est doué d'une âme qui « mène de la sorte toute choses vers l'accroissement ou le décroissement, vers la décomposition ou la composition, ainsi que vers tous les mouvements qui font suite à ceux-là, échauffements et refroidissements, augmentations ou diminutions de poids, le dur et le mou, le blanc et le noir, l'âcre et le doux… » [PLATON, Les Lois, X 896 e].

L’âme est le siège des affections et passions (une âme passionnée). « …cette partie de l’âme où sont les désirs est précisément de nature à se laisser séduire et retourner sens dessus dessous. » [PLATON, Gorgias, 493a], Platon l’appelle « tonneau troué, … à cause de sa disponibilité à se laisser persuader, de sa crédulité… en raison de l’insatiabilité des désirs … » [PLATON, Gorgias, 493b]

L’âme est l’ensemble de la pensée, des facultés intellectuelles et morales (une belle âme, une âme noble) : c’est « une substance dont toute l'essence ou nature n'est que de penser » [René DESCARTES, Discours de la méthode, IV].

L’âme platonicienne est triple « - Façonne donc la forme unique d’un animal composite et polycéphale, possédant à la fois les têtes d’animaux paisibles et d’animaux féroces, disposées en cercle, et accorde-lui le pouvoir de se transformer et de développer toutes ces formes par lui-même. - Cet ouvrage sera l’œuvre d’un modeleur habile, dit-il, mais comme la pensée est plus malléable que la cire et les matériaux de ce genre, la voici modelée. - Modèle à présent une autre forme, celle d’un lion, puis celle d’un homme, mais fais en sorte que le premier soit beaucoup plus grand, et que le second vienne en deuxième. - Voilà qui est plus facile, dit-il, c’est modelé. - Attache maintenant ensemble ces trois formes, en les réunissant en une seule, de manière qu’elles s’ajustent pour ainsi dire naturellement les unes avec les autres. - Elles sont attachées ensemble. - Façonne ensuite un recouvrement extérieur, l’image d’un être unique, celle d’un être humain, de telle sorte que quelqu’un qui ne pourrait voir les formes contenues à l’intérieur, mais ne pourrait saisir l’apparence extérieure, croie voir un être vivant unique, un humain. - Le recouvrement est façonné, dit-il. » [PLATON, La République, Livre IX, 588 a à 589b].

L’âme humaine serait donc composée (voir paragraphe 3):

- d’une âme rationnelle (immortelle) de la pensée, dans la tête ;

- d’une âme irascible (mortelle) des passions, dans le cœur ;

- d’une âme concupiscible, (mortelle) des désirs, dans le bas-ventre.

Cette tripartition se retrouve dans la République où la cité idéale de Platon est divisée en trois classes de citoyens correspondant aux trois parties de l'âme: - la classe des magistrats-philosophes qui gouverne ; - la classe des guerriers-gardiens qui maintient ce qui est ; - la classe des producteurs, agriculteurs et artisans. L’âme immortelle selon le modèle dualiste de Platon (opposant âme et corps) occupe le corps suite à une chute depuis le domaine des Idées et résiste à la mort qui la libère [PLATON, Phédon, 70a, 80d, 84b]. Un tel système est très éloigné de celui de Descartes pour lequel : - « Le corps est une machine qui se remue de soi-même. » ; - « L'âme par laquelle je suis ce que je suis est entièrement distincte du corps, et même est plus aisée à connaître que lui, et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est. » [Descartes, Discours de la Méthode, 4e partie].

Dans la lignée de PLATON : « Et la tempérance, ce qu’on appelle communément tempérance et qui consiste à ne pas se laisser troubler par les passions, mais à les dédaigner et à les régler, n’est-ce pas le fait de ceux-là seuls qui s’intéressent très peu au corps et vivent dans la philosophie ? » (Phédon, 68 c), nous pouvons rencontrer Philon d'Alexandrie, Épictète, Clément d’Alexandrie, Plotin, Porphyre, Grégoire de Naziance, Evagre Le Pontique, saint Ambroise, saint Augustin, saint Bernard de Clairvaux… Dans le Protreptique (exhortation à la philosophie) d’Aristote, la vie est comparée au supplice étrusque consistant à attacher face à face un prisonnier vivant à un cadavre. Plotin (205-270), philosophe alexandrin néoplatonicien, six siècles après Platon, nous donne: - Sentence 8 « La nature détache le corps de l’âme alors que l’âme se détache elle-même du corps. » ; - Sentence 9 « La mort est de deux sortes : l’une bien sûr, connue de tous, où le corps est détaché de l’âme, l’autre, celle des philosophes où l’âme se détache du corps. Et l’une ne suit pas nécessairement l’autre. » [PLOTIN, Sapientiae]. Selon Evagre Le Pontique (moine du désert du IVe siècle), disciple de Grégoire : « Séparer le corps de l’âme n’appartient qu’à Celui qui les a unis ; mais séparer l’âme du corps appartient précisément à celui qui tend à la vertu. Car nos pères appellent l’anachorèse (la vie monastique) exercice de la mort et fuite du corps. » [Traité pratique 52, "Sources chrétiennes", n° 170 et 171, 1971]. Plus près de nous, la ligne 25 de la deuxième travée d’inscriptions des poutres et solives de la "librairie" de Montaigne (son cabinet de travail aux 40 inscriptions) est le fragment déjà cité d’Euripide repris par Platon : «ΤΙΣ Δ’ΟΙΔΕΝ ΕΙ ΖΗΝ ΤΟΥΘ’Ο ΚΕΚΛΗΤΑΙ ΘΑΝΕΙΝ ΤΟ ΖΗΝ ΔΕ ΘΝΗΣΚΕΙΝ ΕΣΤΙ» ; « Qui sait si ce qu’on appelle mort n’est pas vie, si vivre n’est pas mourir ? »

6. Platonisme et FM

En tenue funèbre, nous avons entendu le Vénérable Maître évoquer les frères disparus par : « Leur amour du Vrai, du Bien et du Beau reste vivant parmi nous. ».

Il s’agit à l’évidence d’une évocation d’écrits platoniciens. « Chaque peine, chaque plaisir, a, pour ainsi dire, un clou avec lequel il attache l'âme au corps, la rend semblable, et lui fait croire que rien n'est vrai que ce que le corps lui dit. Or, si elle emprunte au corps ses croyances, et partage ses plaisirs, elle est, je pense, forcée de prendre aussi les mêmes mœurs et les mêmes habitudes, tellement qu'il lui est impossible d'arriver jamais pure à l'autre monde ; mais, sortant de cette vie toute pleine encore du corps qu'elle quitte, elle retombe bientôt dans [83e] un autre corps et y prend racine, comme une plante dans la terre où elle a été semée ; et ainsi elle est privée du commerce de la pureté et de la simplicité divine. …Voilà pourquoi, le véritable philosophe s'exerce à la force et à la tempérance, et nullement pour toutes tes raisons que s'imagine le peuple. ... Ces raisons grossières n'entreront pas dans l'âme du véritable philosophe ; elle ne pensera pas que la philosophie doit venir la délivrer, pour qu'après elle s'abandonne aux jouissances et aux souffrances et se laisse enchaîner de nouveau par elles, et que ce soit toujours à recommencer, comme la toile de Pénélope. Au contraire, en se rendant indépendante des passions, et suivant la raison pour guide, en ne se départant jamais de la contemplation de ce qui est vrai, divin, hors du domaine de l'opinion, [84b] en se nourrissant de ces contemplations sublimes, elle acquiert la conviction qu'elle doit vivre ainsi tant qu'elle est dans cette vie, et qu'après la mort elle ira se réunir à ce qui lui est semblable et conforme à sa nature et sera délivrée des maux de l'humanité. Avec un tel régime, …, et après l'avoir suivi fidèlement, il n'y a pas de raison pour craindre qu'à la sortie du corps, elle s'envole emportée par les vents, se dissipe et cesse d'être. » [Phédon 83e-84b] Vrai Beau et Bien sont ainsi des idées platoniciennes [Phedon 78c-79d, 84a] atteintes par l’élévation d’un chariot ailé de l’âme bien éduqué (confer paragraphe 4, supra).

Le corps

Il ne s’agit nullement, ni de s’acharner à mépriser le corps, ni de vouloir supprimer les passions, mais seulement de les maîtriser. Montaigne dans ses Essais [Livre III, chapitre XII] cite le propos suivant : « Quiconque vante l’âme comme le souverain Bien et condamne la chair comme mauvaise, embrasse assurément et chérit charnellement l’âme et fuit charnellement la chair parce qu’il juge selon la vérité humaine et non divine. » [SAINT AUGUSTIN, Cité de Dieu, XIV, V] « L’esprit est fort mais la chair est faible. » [Bible TOB, Marc 14, 38 ; Matthieu 26,41]. Ainsi, la FM, bien que spiritualiste, ne méprise pas pour autant le corps: toutes les cérémonies (ouverture et fermeture des travaux, initiation, élévation, exaltation) réclament gestes, attitudes et mouvements dans une savante chorégraphie, évoquant un mystère antique, qui contribue à la formation d’un espace et un temps sacrés.

Les passions

De nos jours, les réseaux sociaux ne favoriseraient ils pas le comportement d’histrion (acteur qui jouait des farces grossières ; pour ne pas employer le mot hystérique car connoté, puisque en grec "hystéra", qui signifie matrice, donne le mot français : utérus) ? L’attitude psycho-pathologique histrionique est le fait de personnes qui cherchent à attirer l’attention sur eux, à plaire ou à séduire de façon excessive et envahissante (3,6 h/j en moyenne passés avec un téléphone portable chez l’adulte ; dont 1h avec des réseaux sociaux dit-on). La vie profane s’écoule pour la plupart des hommes dans l’agitation matériellement productive mais spirituellement stérile. Peut-être faudrait-il plutôt adopter quelques principes simples de vie prenant en compte la brièveté de sa durée : « Agir, parler, penser toujours comme quelqu’un qui peut sur l’heure sortir de la vie ; Accomplis chaque action de ta vie comme si c’était la dernière, en te tenant éloigné de toute légèreté ; Ce qui apporte la perfection de la manière de vivre, c’est de passer chaque jour de la vie comme si c’était le dernier… Que la mort soit devant tes yeux chaque jour et tu n’auras jamais aucune pensée basse ni aucun désir excessif. » (extraits de Marc Aurèle, Pensées, II, 11 ; II, 5, 2 ; VII, 69 ; Epicure, v69 ; Epitècte, Manuel, 21 ; Sénèque, Lettres, 93,6 ; 101,7 [Pierre HADOT. La philosophie comme mode de vie]). Ainsi que le disent nos rituels du premier degré : « Le premier degré est caractérisé par une mort à la vie profane ». Instruction au premier degré … D.- Que signifie ce Signe (i.e. d’ordre)? R.- La main droite, placée en équerre sous la gorge contient le bouillonnement des passions qui s’agitent dans la poitrine et préserve ainsi la tête de toute exaltation fébrile, susceptible de compromettre notre lucidité d’esprit. Le Signe d’Ordre de l’Apprenti signifie : je suis en possession de moi-même et je m’attache à tout juger avec impartialité. … D.- Qu’avez-vous aperçu en entrant en Loge ? R.- Rien que l’esprit humain puisse comprendre : un voile épais me couvrait les yeux. D.- Comment expliquez-vous cette réponse ? R.- Il ne suffit pas d’être mis en présence de la Vérité pour qu’elle nous soit intelligible. La Lumière n’éclaire l’esprit humain que lorsque rien ne s’oppose à son rayonnement. Tant que l’illusion et les préjugés nous aveuglent, l’obscurité règne en nous et nous rend insensibles à la splendeur du Vrai Instruction au premier degré D.- Qu'avez-vous aperçu en entrant en L ? R.- Rien que l'esprit humain puisse comprendre : un voile épais me couvrait les yeux. D.- Comment expliquez-vous cette réponse ? R.- Il ne suffit pas d'être mis en présence de la Vérité pour qu'elle nous soit intelligible. La Lumière n'éclaire l'esprit humain que lorsque rien ne s'oppose à son rayonnement. Tant que l'illusion et les préjugés nous aveuglent, l'obscurité règne en nous et nous rend insensibles à la splendeur du Vrai.

Conclusion

Le temple maçonnique n’est certes pas l’Académie de Platon (à 1,5 km au Nord-Ouest d’Athènes par la porte du Dipylon, une propriété où son enseignement était gratuitement dispensé, aménagée par ce membre d’une des plus riches familles athéniennes, comprenant : salle de cours, gymnase, bibliothèque, habitations, sanctuaire d’Athéna…) mais sa méthode ne perdurerait elle pas parmi nous?

 

D:.J:. G:.

13/11/6024



17/12/2024
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