Beth complément pour BOAZ
La lettre Beth, initiale de Bo’az représente la condensation des acquis, l’intériorisation de la Lumière. Pour que l’énergie puisse se manifester, à n’importe quel niveau, elle doit passer par une phase d’intériorisation et de condensation. Cette condensation de la Force Primordiale produit l’Amour. Au niveau humain c’est un amour non révélé, mais qui en agissant de l’intérieur fait avancer sur le chemin de l’œuvre. La lettre Beth symbolise la maison, le réceptacle de la force créatrice de yod. Selon ce symbolisme des lettres, l’initié devrait passer d’abord par Yod, entité masculine, force productrice, rationalité dans la connaissance, ensuite, lorsqu’il saura lire et écrire, il pourra approcher Beth, élément féminin, éveil de l’Amour non plus passionnel, et bâtir sa Maison, son temple intérieur dans lequel le travail de la force créatrice se développera aisément.
Le sens principal de Beth est la maison, un édifice, une construction. "C'est par la Sagesse qu'une maison s'édifie et c'est par le discernement qu'elle se consolide" (Proverbes, 23, 3). Beth est sur la voie du Discernement dans l'Arbre de Vie. Cette lettre a la forme d'un abri fermé sur trois côtés et ouvert à gauche. Beth est également le Temple, le palais divin, la manifestation de l'absolu. D'après la même Tradition, les trois côtés du signe Beth représentent ce qui est révélé, le quatrième côté non tracé est le secret ou le sceau divin. D'après la tradition de la Kabbale, l'ouverture du Beth donne vers le nord d'où souffle le vent frais, la richesse mais aussi les mauvaises intentions. Placée à gauche en sortant du temple, au septentrion, Bo’az est conforme à son initiale.
Venant de l'extérieur, la rigueur peut trouver à l'intérieur du "Beth" la chaleur de la miséricorde. L'ouverture du Beth est la liberté de choix, soit la tentation du mauvais penchant, soit la compassion et l'amour. Il appartient à l'homme de choisir la bonne direction.
Un autre sens de cette lettre est la fille, le féminin. Beth est une préposition qui connote aussi bien l'intériorité que l'accompagnement. Fille et maison suggèrent la douceur d'un foyer à l'abri des vicissitudes: mais pour passer de l'une à l'autre, de "bat", la fille, à "beyt", la maison, il faut ajouter la lettre Yod, image de la loi morale, par le biais des dix commandements (voir Yod ci-dessus). La construction d'un intérieur ne peut s'identifier au féminin que si son fondement est la Loi morale ; alors, l'esprit qui y règne est une âme supérieure.
La valeur de Beth est deux. Beth est le battant d'une porte. En araméen, "bab" avec un double Beth est une porte à deux battants : première lettre de l'Écriture, cette lettre a été choisie pour créer l'univers. Les deux premiers mots de la Bible commencent par un Beth: le premier mot est un contenant, un intérieur offert, celui du Commencement (béreshit). Le deuxième mot "crée" (bara) où Beth est la fille de l'unité, la différenciation et le discernement étant les préludes de toute création. Duelle, la lettre Beth est la première manifestation du multiple.
Sur le plan divin, Beth est le paradoxe des paradoxes: l'univers a-t-il une réalité en dehors du divin? Si le divin est l'unicité et la totalité y a-t-il une place pour l'homme? D'où l'impression intime d'être et de ne pas être à la fois, le sentiment de va-et-vient de l'onde existentielle. La réalité est duelle: dans la tradition biblique, chaque chose est (ou a) son contraire, Beth est à la fois intérieur et extérieur.
En hébreu, père et mère commencent par aleph, fils et fille commencent par Beth : Beth est ainsi la deuxième génération, celle qui a déjà reçu l'enseignement de son aîné, Aleph. Néanmoins Beth est aussi la maison de l'étude, l'abri de la Torah, la nouvelle génération qui apprend aussi par elle- même. L'enseignement doit être toujours répété deux fois : apprendre en araméen c'est répéter deux fois.
Beth est donc un abri précaire de la dualité existentielle, la porte ouverte à l'exercice de la responsabilité de l'homme et de son libre-arbitre, abri consolidé par le discernement et l'étude de la loi.