??? LOGE DE SAINT-JEAN ??? planche d'une Sain Jean 2017 retrouvée par notre TCF S:. C:.

 

Le 27 décembre : saint Jean, Apôtre et Évangéliste

 

Comme moi, vous vous êtes peut-être déjà demandé pourquoi, depuis notre initiation, il était souvent question de St-Jean, et pourquoi nos ateliers étaient appelés « loges de St-Jean » ?

Notre ordre se veut universel, adogmatique, non religieux… Pourtant, nous fêtons les 2 St-Jean ET, parmi les 3 grands lumières, avec le compas et l’équerre se trouve le volume de la loi sacrée ouvert au prologue de Jean !!

Les 2 St-Jean ont été autrefois choisis par l’église chrétienne pour marquer symboliquement les solstices.

Le solstice d’hiver, jour le plus court de l’année, correspond à la fête de St-Jean l’évangéliste.

Le solstice d’été, jour le plus long, correspond à celle de Jean-Baptiste.

Ces 2 jours sont donc très particulier pour la lumière solaire et on connait tous l’importance de cette dernière pour nos ancêtres bâtisseurs de cathédrales et artistes du vitrail.

De plus, au 18e siècle, l’installation du V :. M et du Collège avait lieu lors de la St-Jean d’été. Nous avons déjà eu l’occasion d’apprendre que c’est à la St-Jean-Baptiste 1717 que les 4 premières loges maçonniques de Londres se sont réunies pour fonder la 1ère obédience maçonnique spéculative.

Concernant l’évangile de St-Jean, l’usage de prêter serment sur celui-ci appartenait déjà à la franc-maçonnerie écossaise du 17e siècle ; la maçonnerie de transition entre opératif et spéculatif.

Il convient de souligner que la maçonnerie est l’héritière d’un melting-pot de culture judéo-chrétienne, de sociétés initiatiques, de concepts philosophiques issus de civilisations ou traditions parfois éteintes.

Or, les St-Jean, abstraction faite de tout esprit dogmatique religieux, se révèlent particulièrement fécond d’enseignements ésotériques et initiatiques ET, le symbolisme qu’ils recouvrent a une origine, une histoire, bien antérieure à celles du christianisme.

 

AVANT LE CHRISTIANISME

 

En effet, la tradition solsticiale remonte bien au-delà de l’époque chrétienne et s’étend à des pays et des cultures qui ignorent tout de la Bible et des évangiles.

Le cycle solaire et surtout les 2 positions particulières de l’astre durant les solstices, sont vénérés depuis l’âge de pierre. Carnac, Stonehenge, et des dizaines de sites mégalithiques en sont témoins.

Les romains célébraient Janus, le Dieu qui ouvre et qui ferme les portes du cycle annuel. Janus était représenté avec 2 visages : celui d’un vieillard tourné vers le passé et celui d’un adolescent tourné vers l’avenir.

Janus était le gardien des portes de la ville et le maître du temps, un peu comme nous qui affirmons sans sourciller qu’il est midi plein qu’elle que soit l’heure profane.

Il est le Dieu des commencements (INITIARE en latin) et des fins.

Son image doit engager le maçon à regarder en arrière et à tenir compte des leçons de l’histoire afin de mieux préparer l’avenir de l’humanité par la voie de la lumière et du progrès.

 

Après la christianisation des mythes païens, nos 2 Jean prirent la place de Janus :

Jean le précurseur, celui qui baptise d’eau et annonce la venue de celui qui baptiserait de feu.

Puis Jean l’évangéliste, le confirmateur, témoin de cet amour fusionnel et symbolique du feu et de l’eau.

Les 2 Jean, avec Jésus, forment un tout solaire, comme les 3 points d’un triangle.

Il est intéressant de noter que le verbe sanscrit « JAN » qui signifie « faire naître » est à l’origine étymologique notamment des mots Janus, Jean, Jésus, Jehova, Dieu ou encore Jour… de ce point de vu, il existe un rapport évident entre la lumière et le concept de divin.

Pour tenter de justifier l’invocation régulière des francs-maçons, essayons d’aller un peu plus loin et rappelons tout d’abord qui sont ces 2 Jean dont nous nous réclamons quelque peu confusément :

 

Jean-Baptiste

 

Evoquons d’abord, dans l’ordre chronologique, Saint Jean-Baptiste.

Ce Jean là, de l’hébreux Johanan c’est-à-dire « Dieu a fait grâce » est reconnu prophète de toutes les religions du Livre : le dernier de l'ancien testament et le précurseur du nouveau testament.

Son père, Zacharie, est un vieillard, prêtre hébreux dont la femme est réputée stérile. Une nuit, l’ange Gabriel lui annonce qu’il aura un fils qu’il devra prénommer Jean. Zacharie n’y prête pas attention et perd immédiatement l’ouïe et la parole. Symboliquement, il perd donc la parole de Dieu.

Sa femme accouche finalement d’un fils quelques mois plus tard et Zacharie, contre l’avis de tous, impose le prénom Jean et retrouve l’usage de la parole.

Jean le fils a fait retrouver la parole au père. Par Jean s’impose le verbe, le logos, la lumière…

Vers ses 30 ans, Dieu commande à jean de partir dans le désert pour se préparer dans l’ascétisme, la rigueur et la pénitence.

Là-bas, Jean baptise dans le Jourdain. Dans la Palestine de cette époque, c’est une véritable hérésie bien que pratiquée depuis fort longtemps.

Il y a 5500 ans déjà, les 1ers rois égyptiens décrivaient ainsi la naissance du monde :

Au début, une vaste étendue d’eau : l’horizontalité.

Sous l’eau, le chaos.

A l’horizon apparait la colline primordiale qui permet de s’élever au-dessus du marasme : là, un démiurge prend conscience de lui-même, se redresse et créer toutes choses par le verbe. C’est l’ordo ab chaos.

Donc Jean baptise. Il immerge intégralement le profane dans le Jourdain en deçà de l’horizontalité. C’est la mort, le chaos.

Puis il fait se redresser le profane telle la colline primordiale. L’initié émerge du néant, il nait à la lumière, il est midi plein, le soleil est au zénith.

Jean-Baptiste est d’ailleurs fêté au solstice d’été et son emblème est le coq, annonciateur de la lumière jusque dans nos cabinets de réflexion…

Baptiser, c’est également donner un nom… donner un nom, c’est donner vie. C’est en nommant que le créateur a créé ET c’est la raison pour laquelle le nom de Dieu ne peut être prononcé. Cela reviendrait à créer l’incréé.

Jean annonce à ceux qu’il baptise qu’un autre viendra qui sera le Messie. Un matin, son cousin Yehoshua, se présente avec une foule de candidats au baptême par les mains de Jean. Ce dernier proclame alors que le rédempteur est là et qu’il faut le suivre.

Le jour de Noël, nous fêtons la naissance de Jésus, la naissance d’un soleil nouveau. Au solstice d’été, à la Saint Jean-Baptiste, le soleil ne peut que décroitre et Jean-Baptiste dira :

« Il faut que je décroisse pour qu’il croisse »

Autrement dit, la lumière extérieure qui nous inonde aujourd’hui doit laisser place au soleil intérieur du solstice d’hiver.

Pour en finir avec Jean-Baptiste, rappelons que le gouverneur roi Hérode Antipas, agacé par les guides spirituels qu’il tenait pour agitateurs, le fit arrêter puis décapiter. Enfin, ses restes seront éparpillés. Certains disciples de Jean tenteront alors de rassembler ce qui est épars.

Beaucoup d’autres, qu’on appelle Esséniens, suivront farouchement Jésus. Parmi eux, l’autre Jean de notre histoire, le futur évangéliste.

 

Jean l’évangéliste

 

Si l’on en croit les Evangiles, Jean est, de tous ses disciples, celui que Jésus aimait le plus. Pêcheur sur le lac de Tibériade, il vit dans la petite ville de Capharnaüm. Lorsqu’ils entendent le baptiste proclamer que Jésus est le Messie, Jean et son frère Jacques, abandonnent leurs filets pour se mettre au service du nouveau maître.

Jean est le modèle type de l’initié. Son prologue et son apocalypse sont considérés comme de véritables monuments ésotériques en hommage à la Lumière. Pour de nombreux auteurs, si Pierre symbolise l’église extérieure, la doctrine ; Jean représente l’église intérieure, ésotérique.

On comprend que les Francs-maçons le reconnaissent comme tel puisqu’il veut démontrer la possibilité pour tout homme de sortir de la confusion et de trouver la Lumière.

L’Evangile en question a certainement été écrit, à l’origine, par Jean, le disciple du grand initié, Jésus, MAIS il a été très probablement réécrit, traduit, remanié, repensé par la suite par des symbolistes de l’époque afin de lui donner un sens ésotérique que les autres Evangiles n’ont pas. Et ce n’est surement pas un hasard si l’on a donné à l’auteur présumé le nom de Jean.

Son court prologue insiste sur le fait qu’en tout homme existe une parcelle de Lumière qui peut devenir illumination. C’est aussi en quelque sorte, une reprise de la Genèse :

« Au commencement était le verbe, et le verbe était avec Dieu, et le verbe était Dieu ».

Dans le texte grec, le mot utilisé est « Logos » qui peut signifier le verbe ou la parole mais aussi la connaissance ou la raison.

C’est ce double sens qu’avait le mot « logos » chez les Grecs pour lesquels les 2 idées étaient liées au sens où une parole dénuée de raison n’était qu’un bruit.

Quant à l’emploi du mot « Théos » traduit par Dieu, certains auteurs disent qu’il faut plutôt le comprendre comme « la Lumière ».

Le verbe est ici pleinement divin MAIS, incarné, il est également totalement humain.

Ainsi, l’humanité est projetée en son créateur comme le créateur est projeté en elle. Le Grand Architecte et sa construction ne font qu’un. Nous sommes dans les prémices du concept d’humanisme.

L’Evangile de Jean est également celui de l’amour. Bien que le commandement d’aimer Dieu et son prochain figure déjà dans l’Ancien testament, Jésus le présente ici comme nouveau en lui donnant un caractère absolu et universel :

« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimé, vous aussi aimez-vous les uns les autres » (Jean 13.34-35)

Ou

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimé. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en cet amour » (Jean 15.9-10)

Le commandement d’amour fraternel est mis dans une perspective trinitaire : l’amour des frères entre eux est à l’image de celui que le fils à pour eux ; lui-même à l’image de celui du Père pour le fils. Cet amour relève donc du verbe, de la Lumière révélée désormais parfaitement.

Enfin, jean est souvent représenté sur les hauteurs : mont Thabor, mont des Oliviers, Golgotha… Il symbolise l’ascension spirituelle. Il est la perpendiculaire.

Lorsque Jésus meurt sur le Golgotha avant de renaitre à la Lumière, Jean est là, seul apôtre présent à la crucifixion. Il en est le témoin. Il est minuit plein, le soleil est bas, au nadir.

Jésus nait à Noël, le solstice d’hiver le fait renaître tel le sol invictus, le soleil invaincu.

Restons sur notre question du pourquoi « loge de Saint-Jean » mais faisons à présent un bond d’un millénaire en avant.

Le 27 décembre 1118, jour de la Saint-Jean l’évangéliste, 9 chevaliers fondent l’Ordre des Pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. Rapidement, on les appellera Chevaliers du Temple ou Templiers.

Tout comme les Hospitaliers de Saint-Jean, ils ont, durant leur séjour en terre sainte, énormément échangé avec les érudits locaux musulmans et juifs.

Les initiés d’orient transmirent quelques-uns de leurs enseignements mystérieux aux religieux d’occident qui les incorporèrent à leur propre savoir. Certains de ces enseignements étaient réputés venir des Johannites, un courant discret de disciples de Saint-Jean associés à un noyau d’Israelites descendants des prêtres du Temple dont ils entretenaient les mystères.

On sait ce qui arrivera aux templiers au début du 14e siècle. Mais entre temps, ils ont fait construire dans toute l’Europe des églises, des chapelles, des manoirs, des commanderies, toutes placées sous l’invocation de Saint-Jean.

Les maçons de métier qui travaillaient à ces ouvrages étaient dits « Francs» par opposition aux professions rattachées à des corporations. Ce privilège accordé aux Francs-maçons opératifs l’était essentiellement sur les domaines des Templiers qui garantissaient également la libre circulation des travailleurs d’une commanderie à l’autre. Or, les Templiers portaient à Saint-Jean l’évangéliste une vénération particulière.

Par ailleurs, il existait une certaine confusion avec Saint-Jean Baptiste et le 24 juin, étaient organisées de grandes célébrations.

La disparition de l’Ordre du Temple ne mit pas fin au privilège des franchises et les métiers francs continuèrent à célébrer le culte de Saint-Jean et ce, même après l’arrivée de maçons acceptés….

 

CONCLUSION

 

Les traditions auprès desquelles notre Ordre tire ses origines sont plus que bimillénaire. Du temple de Salomon au temple d’Hérode en passant par nos 2 Jean, par divers ordres religieux, puis par les bâtisseurs de Cathédrales qui fixent tous un cadre fondateur pour la franc-maçonnerie spéculative.

Les 2 Jean sont particulièrement riches d’enseignements spirituels pour le maçon :

Le Baptiste enseigne comment se préparer à recevoir la Lumière ; l’évangéliste, lui, l’a reçue.

La voie révélée par les 2 Jean est alchimique : c’est l’union de l’eau et du feu au sein de la loge.

Puisque ce soir nous célébrons la Saint-Jean d’hiver, je vous invite à boucler le cycle, et à terminer en citant le début du prologue auquel est ouvert notre volume de la loi sacrée :

« Au commencement était le verbe, et le verbe était avec Dieu, et le verbe était Dieu »

« Il était au commencement avec Dieu »

« Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui »

« En lui était la vie, et la vie était la Lumière des hommes »

« La Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue »

A:.B:.

12.2017

Merci S:.C:.

 



18/02/2025
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