Soufre, Sel, Mercure 8/01/2025

 

La imagen alquímica de la estrella de siete puntas Vitriol (septagrama ...

Daniel Stolz von Stolzenberg

 

Soufre, Sel,Mercure

 

Le cabinet de réflexion est le commencement du parcours initiatique. Nous n’y passons qu’une seule fois mais les idées exprimées par les symboles qui s’y trouvent restent présentes tout au long du chemin. La construction de la connaissance est une longue route et nous devons nous replonger régulièrement dans la compréhension de ce lieu pour le déchiffrer continuellement.

A mesure que la lumière éclaire notre chemin, les énigmes qui s’y trouvent se découvrent petit à petit laissant place à d’autres questionnements et ainsi de suite, à la manière d’un jeu de poupées Russes. Pour le Franc Maçon, l'épreuve de la Terre sert à extraire la pierre brute de la carrière afin de la travailler dans l’atelier pour en faire une Pierre Cubique. L’Alchimiste lui va extraire de la mine la Materia Prima pour en faire une Pierre Philosophale dans son laboratoire.

Dès le commencement l'inspiration alchimique du REAA est clairement annoncée : Un bas, un haut, la mort et la vie, un sablier au milieu comme point de passage de l’un à l’autre, un sens de lecture, VITRIOL (nous y reviendrons), une pierre occulte à découvrir, et le Soufre, le Mercure et le Sel qui restent finalement assez énigmatique sur l'instant mais qui, dans ce contexte, préfigurent au principe ternaire cher à la Franc Maçonnerie.

Il y a bien des similitudes entre la Franc Maçonnerie et la voie alchimique notamment celle du perfectionnement par la connaissance de soi. Comme chez nous il y a deux formes d’Alchimie, opérative et spéculative. L’alchimie qui intéresse la Franc Maçonnerie est spirituelle et donc spéculative. Elle dispose d’un langage symbolique étoffé, matérialisant des idées abstraites, intelligibles aux initiés et devant être comprise et assimilée par un travail d’herméneutique. Le Grand Œuvre alchimique et la Construction du Temple sont des allégories similaires.

La pierre philosophale représente la quête de l'unité, l'accès à la lumière de l'esprit par la connaissance et le travail sur soi. Elle se fait par un processus en 3 étapes assimilables aux 3 grades des loges bleues et aux 3 états de la pierre brute à la pierre taillée et à la pierre cubique à pointe. Il s’agit de la décomposition, de la purification et de la recomposition de la matière, afin d’y faire entrer la lumière. Il faut donc passer de l’unité au ternaire pour revenir à l’unité.

Les Alchimistes pensent que toutes choses a trois parties : Le Soufre, le Mercure et le Sel. Il s‘agit de principes, d'allégories qui évoquent chacune une fonction créatrice, une influence, une force constitutive. La première phase du Grand œuvre, l’œuvre au noir consiste donc à décomposer, à dessaler la matière, pour en extraire les deux principes opposés le Soufre et la Mercure. Le sel étant bien entendu le principe qui scelle l’ensemble.

Le Mercure est considéré comme la force qui va de l’extérieur vers l'intérieur, qui va transmettre l'information, l'immanent, la raison, la réflexion, l’intellect, le conscient, le système sanguin, la Lune : c’est le Spiritus. En alchimie végétale c’est le parfum. Il tire son nom de la divinité romaine messager des dieux, lui-même héritier d’Hermès, lui-même héritier de Thot. C’est clairement un symbole de transmission. Parfois représenté par le coq dans le cabinet de réflexion, l’annonciateur de la lumière. C’est peut être avec le principe Spiritus que la lumière de l’Esprit avec un grand E vient éclairer l’esprit avec un petit e ?

Le Soufre est considéré comme la force qui va aller de l'intérieur vers l'extérieur, la thèse, l'émission de l’information, le transcendant, les émotions, l’inconscient, le cœur, le sang, le Soleil : C’est l’Animus. En alchimie végétale c’est la Sève. Son étymologie est theion qui a la même racine que Théos : Dieu. C’est peut être dans le principe Animus que se trouve la part divine en nous même que nous cherchons ?

Le Sel est l'élément Neutre, le principe d'incombustibilité et de non volatilité, imputrescible, celui qui doit relier les deux principes, qui fait la synthèse : C’est le Corpus. Son symbole est un cercle coupé en deux parts égales par un trait vertical. Pour les peuples anciens, manger ensemble le pain et le sel signifie sceller un pacte de paix, de fidélité ou d’amitié.

Le Soufre et le Mercure s’opposent donc dans leurs influences, tout en étant complémentaires. Nous sommes plus ou moins de l’un ou de l’autre de ces principes, dans des occasions différentes, et ayant pour conséquence de nous amener soit dans la réaction soit dans la réflexion. L'initiation consiste peut être à un rééquilibrage des forces pour s’aligner et aller vers une plus juste mesure.

Nous parlons souvent de la maîtrise de nos passions et de mettre de la raison sur nos émotions. Je pense que la réflexion sur la pierre philosophale permet d’aller plus loin. En effet les alchimistes cherchent à purifier le soufre et le mercure afin de les réunir, d’en faire une opposition féconde pour les marier.

Notre rite nous fait passer de la colonne du Mercure, le Nord, à celle du Soufre, le Midi, pour finir Maître, en fixant les deux parties. Nous démarrons notre parcours maçonnique sous le Septentrion, la colonne de la Lune, dans le silence et la réflexion, dans la lumière réfléchie, dans le Spiritus. C’est donc l’esprit qu’il faut purifier en premier. Puis une fois ce premier travail accompli nous irons sur la colonne du Soleil, du midi. Une fois au soleil, nous recevons la lumière directement, avec la parole ajoutée à l'écoute. C’est l’Animus qui peut s’exprimer mais sous le contrôle du Spiritus purifié. C’est donc une fois l’esprit éclairé que nous pouvons illuminer notre âme.

Comment accédons nous à notre inconscient ? En élargissant notre conscience peut-être ? C’est par la connaissance que notre esprit s’éclaire et c’est par la lumière de l’esprit que nos ténèbres intérieures vont se dissiper et nos défauts se transmuer en qualités. Notre part brute va se transmuter petit à petit pour laisser s’exprimer notre part divine qui se trouve au plus profond de nous même, dans notre part la plus intime : Notre âme.

Une fois ces deux travaux achevés, nous pourrons les mettre en résonance pour accéder à la maîtrise. Les sceller dans un corpus glorieux qui est le nom donné à l’Alchimiste qui fait corps avec la lumière. Pour réaliser la pierre Philosophale, celui-ci aura lui aussi purifié le premier principe par l’œuvre au noir puis le deuxième principe par l’œuvre au blanc afin de les unir pour l’œuvre au rouge. Pour cela, je pense que les 3 premiers degrés du REAA sont un calque du Grand œuvre Alchimique.

Les Alchimistes ont établi des correspondances entre le ciel et la terre en faisant correspondre les métaux à des planètes parce qu’ils considéraient réaliser les noces chimiques du ciel et la terre, de la matière et de l’esprit : La communion du haut et du bas pour faire le miracle d’une seule chose.

Ramené à l’initié qui a déjà parcouru une partie de son chemin, le Mercure est le trait d’union avec la lumière extérieure : La connaissance dans son essence même. Le Soufre est notre part de lumière divine, infuse et dormante que nous extrayons de l’intérieur nous même : La connaissance de soi.

Et en retour nous aurons une meilleure compréhension de la lumière extérieure, de manière graduelle et continue, de haut en bas et bas en haut et ainsi de suite, ainsi que la lumière chemine.

Les deux finissent par se répondre, par s’aligner pour ne faire plus qu’un, à l’image du processus d’individuation qui est l'augmentation de la surface de contact du conscient avec l’inconscient pour atteindre une entièreté psychique en les associant.

L’union des contraires, maîtriser les deux principes opposés est toujours un arcane des traditions initiatiques et très certainement du REAA.

Nous, Francs Maçons sommes Équerres et Compas sur la Loi Sacrée, nous cherchons l’Harmonie pour allier la Force et la Sagesse à parts égales. La thèse, l'antithèse et la synthèse.

L'esprit doit prendre du recul sur les passions, mais les sentiments doivent nuancer la raison pour ne pas se détacher. Il faut associer raison et sentiments pour les mettre en phase dans un ensemble structuré, éveillé et lumineux : Nous même.

 

En conclusion, je vais revenir sur le VITRIOL, autre composante alchimique du cabinet de réflexion, anagramme de “L’Or y Vit” en langue des oiseaux et qui est dans d’autres contextes augmenté de deux lettres : V et M et qui se lit VITRIOLUM en ajoutant “Veram Medicinam” soit “médecine de vérité”.

Ceci suggère peut-être que nous avons enfoui en nous de quoi guérir nos maux profanes, de quoi trouver notre vérité intime par un travail incessant et de plus en plus complexe, à mesure de cette visite intérieure qu’est le REAA : La connaissance de soi !

 

T:.S:.

08/01/6025

 



15/01/2025
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